Dynastie de musiciens
Anatole dit « Barel » Coppet, naît le 3 juillet 1920 au Vauclin en Martinique, au sein d’une famille de grands musiciens.
Ses frères aînés sont Hypolite, Honoré et Bayard Coppet, musiciens de renoms, tout comme ses cousins, Ivanes et Hurard et ses oncles, Jaron et Sena Gallion dit Yon-Yon, grand maître de la musique » Chouval Bwa «
La batterie comme premier amour et départ pour la Guadeloupe
Avant de devenir le grand clarinettiste et saxophoniste que l’on sait, Barel dans son jeune âge s’est d’abord passionné pour la batterie.
A la mort de ses parents, en 1934, Barel a 14 ans. Sa sœur, Cécilia qui a épousé un cultivateur guadeloupéen, Alfred Edmée, surnommé « Pays », le prend en charge et tous les trois partent s’installer en Guadeloupe.
« Pays », qui est aussi accordéoniste et clarinettiste, possède son propre orchestre et y intègre son jeune beau-frère.
Le jeune Barel y fait ses preuves et joue dans tous les bals de la Guadeloupe.
Il y découvre la concurrence acharnée entre les nombreuses formations, notamment la rude compétition entre les batteurs, fortement sollicités par les grands orchestres.
Parmi les deux meilleurs batteurs de la Guadeloupe, Barel a pour grand rival, Robert Mavounzy, qui ironie du destin, deviendra comme lui, l’un des plus grands clarinettistes et saxophonistes de la musique antillaise, ayant connu la gloire à Paris et en Europe.
Attirance secrète pour la clarinette et multi-instrumentiste autodidacte
Malgré son amour pour la batterie, Barel a toujours été attiré par la clarinette, que pratiquent déjà ses frères Honoré et Hypolite, ainsi que son cousin Hurard.
En cachette, il emprunte la clarinette de son beau-frère et s’exerce en autodidacte. Son frère Hypolite finira par lui acheter sa propre clarinette. Une fois, la clarinette maîtrisée, il se met au saxophone.
Parallèlement à la musique, Barel travaille dans le bâtiment, puis comme cordonnier, avant d’aller exercer son service militaire, à Saint – Claude, de janvier 1943 à février 1944, où il monte, dans la caserne, un orchestre qui devient très populaire.
Retour gagnant au pays natal
Après la guerre, » l’appel du pays natal » se fait sentir et Barel décide de rentrer en Martinique en 1946 pour travailler dans le dancing de son frère Honoré, « Le Moulin rouge » dans le quartier des Terres-Sainville, à Fort-de-France.
Il y fait la connaissance d’un autre grand musicien, le saxophoniste, Paul Julvécourt, avec lequel l’alchimie prend tout de suite. Le tandem écumera ensemble toutes les communes de la Martinique et rencontrera un énorme succès.
Départ pour Paris et succès immédiat
Les deux fomentent même de partir ensemble tenter leur chance à Paris, mais au dernier moment, Paul Julvécourt renonce pour rester aider sa mère. C’est ainsi que Barel embarque avec son frère Honoré pour l’Hexagone.
Leur réputation les ayant précédé, les deux frères trouvent très vite du travail.
Barel Coppet intègre l’orchestre du trompettiste et guitariste martiniquais Pierre Louiss. Au sein de l’orchestre, il passe son baptême du feu, à La Boule d’or dans le 15e. avant de partir écumer les principaux casinos de France de fin 1947 à 1949.
Chef d'orchestre des deux plus grands cabarets antillais
Souhaitant se sédentariser, Barel Coppet prend la suite de son frère au « Bal Blomet », lieu mythique, où il règne comme Chef d’orchestre de 1950 à 1961, marchant sur les traces du violoniste clarinettiste martiniquais Ernest Léardée, qui, dès les Années folles, avait fait danser et rêver tout Montparnasse, de Robert Desnos à Fujita, de Joséphine Baker à Michel Leiris.
Du bal Blomet, Barel passera à la Canne à sucre, dans l’orchestre de Gérard la Viny où il restera jusqu’en 1967.
Succès discographique européen
En 1955, lors d’un gala à Paris, Barel est repéré par un directeur artistique de chez Philips.
Il compose « Mwen ni an loto nef », un tube qui lui permet de voyager dans toute l’Europe et l’Afrique et qui est son plus gros succès.
Spécialiste de la Biguine, du Merengue et du Calypso
Barel Coppet signe un contrat d’exclusivité chez Philips. Jusqu’en 1965, il réalise une dizaine de disques 45 tours, souvent en collaboration avec le tromboniste et arrangeur Guadeloupéen Al Lirvat.
Il se fait le spécialiste des chansons de merengue, cha-cha ou de calypsos, chantées en créole, tout en restant fidèle à la biguine.
Succès africain
En juillet 1961, Barel part six mois pour l’ex Congo Belge, devenu indépendant en juin 1960. Il joue dans l’orchestre du tromboniste martiniquais Pierre Rassin, son ancien comparse de la Boule d’Or, installé désormais en Afrique, dans un night-club à la mode intitulé “Le Showboat”.
Plusieurs apparitions au cinéma
Dans les années 60, c’est au tour du cinéma de lui faire les yeux doux.
Barel Coppet apparaît comme figurant dans de nombreux films.
Dans “Paris Blues” film américain tourné à Paris en 1961, avec en vedette Louis Armstrong et Paul Newman, il y apparaît en compagnie d’autres antillais tels que Al Lirvat et Pierre Rassin, au trombone ainsi qu’ Emilien Antile au saxophone.
En 1967, on le voit aussi dans la scène finale du film qui lança l’inoubliable actrice martiniquaise Cathy Rosier : “Le Samouraï” de Jean-Pierre Melville, avec Alain Delon, où l’on voit Barel Coppet un court instant au saxophone alto dans une boîte de jazz.
Carnaval en Martinique
Malgré son succès européen, Barel Coppet n’oublie pas la Martinique. Il y revient presque chaque année durant la période du Carnaval pour y animer un dancing.
Dans ce cadre, on peut le voir entre autre, avec Sam Castendet (1962), puis dans l’orchestre de Pierre Louiss (1963), ou encore lors une tournée de six mois aux Antilles avec Al Lirvat, de décembre 1964 à avril 1965.
Retour définitif et actif en Martinique
En 1969, Barel Coppet est de retour définitivement à la Martinique pour animer le célèbre dancing_le Manoir, créé par son vieux compère, Pierre Rassin. Il y restera pendant dix-neuf ans.
Parallèlement, il dispense aussi des cours de clarinette, piano et saxo aux enfants et adultes tout en continuant les prestations Guadeloupe, Guyane, Paris…
En Martinique, il collabore sur plusieurs titres avec la jeune pousse martiniquaise d’alors, Mister Lof.
Fervent défenseur et transmetteur de la tradition jusqu'à sa mort
Dans les années 80, Barel Coppet se produit lors de l’événement « Carrefour des Musiques Créoles » organisé par RFO, la chaîne locale d’alors.
Il jouera également avec le groupe Les Compagnons de la Musique qui comptait des musiciens locaux tels que Jean-Nestoret, Baby Bagoé, Sully Londas, Marcel Misaine ou encore Laurent Larode.
Le 10 avril 1997, Barel Coppet est élevé au grade de Chevalier de l’Ordre du Mérite.
Il meurt à 89 ans, le dimanche 18 octobre 2009, à 10h du matin, de suites d’un accident cardio-vasculaire, au CHU Pierre Zobda-Quitman à Fort de France en Martinique.
A son décès, Frédéric Mitterand, alors Ministre de la Culture salue sa mémoire en ces termes :
« A la clarinette et au saxophone, au piano, mais aussi à l’accordéon ou encore à la batterie, Barel Coppet se faisait l’interprète fidèle et toujours inspiré de l’âme antillaise et de la joie de vivre d’un rythme universel », rappelle-t-il dans un communiqué.
« C’était un maître et un modèle pour les jeunes Martiniquais désireux de perpétuer une tradition musicale dont il était le gardien tout à la fois éclairé et vigilant« , poursuit aussi le ministre.
Association Carrefour Barel Coppet
La mémoire de Barel Coppet perdure grâce l’association martiniquaise, Carrefour Barel Coppet, dont l’objet comprend la sauvegarde et la perpétuation de la musique traditionnelle à travers des concerts, des manifestations autour de la clarinette, du saxophone et des chansons créoles.
Depuis sa mort, l’association a rendu maintes fois hommage à Barel Coppet. En 2019, elle commémore le 10e anniversaire de sa mort, avec la participation entre autres, de la jeune Elodie Bédacier, du chef d’orchestre guadeloupéen Eddy Gustave, de Guy Louiset au steel pan, Charly Labinsly au cajon, et de la harpiste Claire Lefur.