Henri Debs, l'autodidacte acharné
Guadeloupéen d’origine libanaise, dont le patriarche a émigré à la Guadeloupe, à la fin du 19e siècle, Henri Debs est l’aîné d’une fratrie de huit enfants.
Très jeune il s’intéresse à la musique et apprend en autodidacte à jouer de plusieurs instruments, avant de jeter son dévolu sur la guitare.
A 20 ans, il intègre le grand orchestre El Calderon Jazz de Brunel Averne, puis l’orchestre Esperanza.
De commerçant à disquaire producteur
Débrouillard,Henri Debs est vendeur ambulant avant de devenir gérant d’un magasin de vêtements à Pointe-à-Pitre.
Les clients se passionnent pour la musique qu’il y diffuse, si bien qu’il décide de leur vendre aussi des disques, avant d’aménager un petit studio d’enregistrement, dans l’arrière-boutique.
Équipé d’un unique micro et d’un magnétophone une piste, Henri Debs crée ses premiers enregistrements.
L’aventure des Disques Debs, le nom de son label, débute ainsi en 1958.
Le Motown guadeloupéen d'Henri Debs
Le succès est au rendez-vous. Les 45 tours se vendent comme des petits pains.
A l’instar de la Motown, il développe un orchestre de studio « maison » qui accompagne les artistes qu’il produit, dont Paul Blamar, Manuella Pioche, Casimir Letang, ou encore les grands noms du gwo ka (Dolor, Velo, Guy Konket, Anzala).
Au sein de ce groupe accompagnateur, on retrouve entre autre, ses acolytes Edouard Benoît au sax tenor, Alain Gervais à la batterie et au chant, Serge Christophe aux congas.
A géométrie variable, il accueillera des générations de musiciens en tout genre, dont les futurs grands maîtres du jazz créole que sont Alain Jean-Marie ou le martiniquais Marius Cultier qui y feront leurs débuts.
Un slogan épique
"Disques Debs, sauveur de la musique antillaise ! Si on la défend de nos jours, c’est que Debs l’a sauvée jadis."
Tel était le slogan des Disques Debs. Loin d’être modeste, il n’en était que vérité, tellement il a dominé le marché!
La Terreur et le Club 97-1 : l'empreinte d'Henri Debs
Après avoir débuté sur un matériel rudimentaire, Henri Debs aménage dans les années 1970 un studio à la pointe de la technologie qu’il surnomme « La Terreur », dans une maison, au-dessus de son club, le mythique Club 97-1 où des générations de guadeloupéens sont venus danser les vendredis et samedis soirs.
Un catalogue impressionnant et de gros succès commerciaux
Le label d’Henri Debs a produit des artistes de toutes sortes, originaires bien entendu de la Guadeloupe, mais aussi de la Martinique et même d’Haïti, de Puerto Rico ou de République Dominicaine.
Il a ainsi fait la promotion du merengue, de la salsa et du konpa
La liste de ceux qui sont passé par ses studios est longue :
Typical Combo, Expérience 7, Les Vikings de la Guadeloupe, Tanya Saint-Val, Tatiana Miath, Frédéric Caracas, Luc Léandry, Eric Brouta, Chiktay, Jean-Jacques Gaston et bien d’autres.
Il connaîtra notamment de gros succès commerciaux avec les artistes suivants :
Les Aiglons (disque d’or,) Francky Vincent (disques d’or et disque de platine), Zouk Machine (disque de platine).
Au final, Henri Debs a enregistré plus de 6000 titres, plus de 200 albums, écrit près de 250 chansons.
Henri Debs, l'auteur-compositeur-interprète à succès
En plus d’être producteur et musicien, Henri a mené une carrière d’artiste à succès en solo ou accompagné. Au cours de sa longue carrière, il va s’essayer à tous les styles musicaux en vogue de son temps : biguine, cha-cha-cha, boléros, slow, puis cadence et zouk.
Avec Max Sévérin, dit Maxo, Henri Debs a constitué un duo musical populaire, concrétisé par 25 albums.
Au crépuscule de sa vie, il sortira même un album religieux.
Liste de lecture
A sa mort, son fils Riko a repris le flambeau et s’attache à numériser l’intégralité du catalogue créé par son père. Par contre le studio et les magasins ont fermé.