Sa voix gouailleuse et puissante était reconnaissable entre toutes, ses petits yeux espiègles trahissaient son humour satirique… »Tonton Max » tel que l’on le surnommait cet infirmier psychiatrique de profession, nous a quitté le 25 novembre 2003 à l’âge de 61 ans.
A l'école des maîtres de la tradition
Max Ransay naît en 1942 en Martinique, à Saint-Pierre, berceau de la Biguine.
Il est repéré, à l’âge de 15 ans, lors d’un concours de la chanson créole, par le musicien Jo Amable qui l’intègre, comme chanteur, dans son orchestre.
Cette collaboration lui permet d’enregistrer son premier disque « Manzè Anita ».
Il fait également ses armes avec un autre poids lourd des musiques traditionnelles en la personne du clarinettiste Hurard Coppet, à qui il prête sa voix sur l’album « Sous le soleil des Antilles« , avec un répertoire de grands standards martiniquais.
Il poursuit dans ce registre avec d’autres collaborations telles qu’avec Léon Sainte-Rose.
Premier disque d'or antillais avec Les Léopards
En 1970, Max Ransay rejoint le groupe Les Léopards de Saint-Pierre, dont il ne tarde pas à devenir le Chef d’orchestre.
Si la couleur musicale majoritaire est la cadence, le groupe est l’image de ce qui se fait à l’époque, soit un melting-pot de musiques traditionnelles, rythmes cubains, tumbelé, calypso etc.
Avec Les Léopards, Max Ransay connaît un énorme succès, notamment en France hexagonale, dans la Grande Caraïbe, voire au-delà.
Le succès est si grand que Les Léopards sont le premier groupe musical des Antilles-Guyane à recevoir un disque d’or en 1976, bien avant Kassav.
Les années Maafia
En 1981, après des dizaines d’années de succès et autant d’albums, des tensions commencent à percer au sein des Léopards.
Jean-Michel Cabrimol, alors jeune batteur du groupe, arrive à convaincre Max Ransay, ainsi que Michel Thimon, le chanteur lead, de quitter le groupe pour aller créer son nouvel orchestre, qu’il nomme La Maafia.
La biguine jamais très loin
Parallèlement il collabore à d’autres projets et revisite les standards de la biguine avec les grands musiciens que sont en autres les guadeloupéens Al Lirvat (trombone) et Emilien Antile (sax).
Virage piano-bar
Le jeu des chaises musicales continue pour Max.
Au bout de quelques temps, il quitte le groupe la Maafia pour fonder le groupe Kalikou, avec d’anciens membres des Léopards (Alain Joséphine, Alex Martine, Manuel Sainte-Rose et Michel Jabour).
Le registre est plus intimiste, aux couleurs Piano-bar.
Puis à partir du début des années 90, il monte sa dernière formation, le groupe « Atoumo » qui l’accompagne également sur ses disques.
Carrière solo en famille
En 1985, il enregistre l’album « Max Ransay chante Michel Thimon » son vieux compère des Léopards et de la Maafia.
Par la suite, s’en suivront jusqu’à sa mort en 2003, une série d’albums solos :
• Mémoires de la Biguine,
• Atoumo (1992),
• Coeur d’un Homme (1995),
• Mont bénit (1998),
• A l’ombre d’un géant (2003).
Dans cette aventure, il s’entoure de proches :
• le chanteur Kali, qui n’est autre que son neveu, devient son arrangeur exclusif et lui offre à l’occasion ses fameux jeux de banjo;
• Quant à sa sœur Liliane Ransay (mère de Kali), auteure de chansons réputée, elle lui distille des textes sur mesure.
Ces albums font la part belle bien entendu à ses musiques de prédilection, mais aussi au zouk et même au ragga-dancehall en clin d’œil à la jeunesse.
Max se fait même plaisir en réinterprétant à sa façon des standards de la chanson française telle que » La foule » d’Edith Piaf.
Il dévoile également son côté « crooner » , notamment avec le poignant « Sé wou ki sav« .
La complicité et l’admiration entre neveu et oncle se manifestent par de multiples collaborations.
Max chante sur certains projets de Kali et ce dernier reprend plusieurs titres de son oncle sur son projet « Racines » en plusieurs volumes.
Inter-Générationalité
Max Ransay chante pour toutes les générations y compris les plus jeunes.
Il n’hésite pas à remettre au goût du jour ses anciens tubes des années 70, époque Les Léopards.
Ce clip est un délire musical, Kali et son oncle s’amusent en duo dans un registre dancehall dans une reprise du titre « Ay coupé chivé ou » d’Albert Nadeau des Léopards.
A noter qu’un figurant illustre apparaît dans le clip, qui n’est autre que Monsieur Jean-Claude Naimro de Kassav! En effet, les trois hommes, complices, sont tous des pierrotins, des originaires de la ville de Saint-Pierre…
La consécration : « La route Chanflô »
L’année 1987 est celle de la consécration avec la parution de son plus grand succès : « La route Chanflô » dont il est l’auteur-compositeur.
C’est l’engouement du public qui le pousse finalement à enregistrer cette chanson qu’il chante depuis déjà une dizaine d’années.
Ce titre est depuis devenu un classique de la musique martiniquaise et celui qui le caractérise le plus auprès du grand public.
Sorti en 1995, « Coeur d’un Homme » est l’autre succès emblématique de Max Ransay.
Catalogué facilement comme homme de la fête, cette composition révèle de façon touchante, sa part romantique et blessée.
Ses derniers tubes
Paru en 2003, « A l’ombre d’un géant » est son dernier album avec les succès tels que Jilo, Wi sa vré ou encore le sublime Kreyol.
Depuis la mort en 2003 de Max Ransay, sa présence singulière dans le paysage musical martiniquais manque à coup sûr.